Chronique lecture : Psychopompe d’Amélie Nothomb

Note : 3.5 sur 5.

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J’ai toujours apprécié Amélie Nothomb, dont j’avais lu ça et là quelques romans, et il y a 2 ans, j’ai décidé de tous les reprendre en ordre chronologique, en intercalant évidemment au milieu, le plus récent.

Alors que je viens de terminer « La nostalgie heureuse » qui est son 22ème roman publié, je me suis donc lancée dans Psychopompe, qui vient de sortir, toujours chez Albin Michel.

Oui je dis roman publié, car elle écrit 3 fois plus qu’elle ne publie !
Hygiène de l’assassin fut le roman qui nous a fait découvrir cette autrice, alors que c’était en fait son 11ème manuscrit… 📚📚

Pour moi, il y a deux Amélie en une ! Il y a celle qui écrit sur sa vie et qui nous raconte depuis son enfance, toutes les vies différentes qu’elle a pu vivre, grâce à son père qui était ambassadeur de Belgique.

Et il y a la Amélie qui nous donne des romans souvent extrêmement loufoques, avec des personnages bien originaux, toujours très profonds, à l’écriture parfois obscure, livres qui demandent parfois une seconde lecture.

Et avec Psychopompe j’ai carrément eu l’impression d’avoir deux livres très différents !

Est psychopompe celui, celle, qui accompagne les âmes des morts dans leur voyage.

La première partie va conjointement nous expliquer sa passion pour les oiseaux, au travers de son enfance et du début de son adolescence, et nous donner quelques anecdotes sur les pays qu’elle va traverser au fur et à mesure des nominations de son père. J’écris bien « traverser » car à part le Japon qu’elle a aimé d’un amour fort, jamais les autres contrées ne lui donneront de telles sensations.

J’ai lu évidemment avec difficulté les lignes où elle parle de son viol à 12 ans par 4 hommes, dans la mer au Bangladesh, moment d’autant plus douloureux psychiquement et effrayant qu’elle ne les voyait pas !

La folie aurait pu avoir raison de son âme, Amélie a préféré pendant plusieurs années l’anorexie comme échappatoire, voire, comme elle l’a réalisé plus tard, comme purification.

« Désormais, écrire, ce serait voler. »

Et puis il y a pour moi une deuxième partie du roman, où elle parle du « caractère » psychopompe des oiseaux, et là j’avoue j’ai moins saisi.
Elle m’a perdue pendant pas mal de pages, j’en ai survolé (c’était le moment pour placer ce jeu de mots…😉) quelques-unes, mais elle m’a rattrapée lorsqu’elle parle de la genèse de ses romans, comme Hygiène de l’assassin, Soif et Premier sang dans lequel elle parlait de son père.

J’ai adoré les pages savoureuses où elle nous explique comment elle a écrit quasiment « Premier sang » sous la dictée de son père décédé, parti au tout au début du démarrage de la pandémie du Covid ! (Mais pourquoi se sent-on toujours obligé de mettre une majuscule à cette maladie !?)
Comme je n’ai aucune raison de ne pas la croire, je me suis laissée porter par cette belle histoire.

« Cette attitude, je l’ai beaucoup vue, c’est même le choix majoritaire. Les morts d’un côté, les vivants de l’autre. »

Ses romans sont toujours profonds mais pas toujours très limpides, et je comprends vraiment qu’on puisse aimer, ou pas du tout, le style d’Amélie Nothomb, mais on pourrait faire un livre d’aphorismes de cette écrivaine, tellement certaines phrases sont magnifiques et le style poétique.

« Choisir le très long terme, c’est aussi ne pas se soucier des jugements immédiats. »

J’ai aimé les pages qui parlent de l’écriture, me paraissant même utiles pour de jeunes auteurs !

« Le privilège absolu c’est d’écrire ».

Bref c’est un livre que je relirai quand l’ordre chronologique m’y invitera, pour mieux saisir le tiers du milieu que j’ai moins apprécié.

Et pour finir, étant donné qu’elle nous parle avec passion de l‘oiseau qui s’appelle l’engoulevent oreillard, et que je me doute que certains vont vouloir savoir de quoi il s’agit, voici un dessin ! Étonnant non, à mi-chemin entre l’oiseau et le chauve-souris !?

Editions Albin-Michel. 2023. 162 pages.

Engoulevent oreillard. Famille des Caprimulgidés. Ordre : Caprimulgiformes

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