Chronique lecture ❤️: Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea

« En Italie chaque voyage est potentiellement légendaire »

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En ce moment quand vous allez vous promener entre les rayonnages d’une librairie, et que vous écoutez les libraires parler à des clients, quand vous regardez une émission de télé littéraire, il est difficile de passer à côté de ce livre ! Il a d’ailleurs déjà obtenu le prix du roman Fnac pour 2023.(Mise à jour de novembre : Et le Goncourt !)

Ordinairement je ne suis pas de trop près la rentrée littéraire, mais à force de voir ce bouquin sur mon passage, j’ai été tentée, et m’y suis mise. Ne connaissant pas du tout l’auteur, je suis partie conquérir un terrain vierge ! 😄

J’ai mis beaucoup de temps à savoir si ce livre était un coup de cœur ou non ! Pourtant quand on a un coup de cœur, généralement on ne se pose pas la question… là, ce n’était pas aussi facile. Sachez que mon défaut a peut-être été de vouloir aller trop vite en me le prenant en ebook, je pense que j’aurais dû le lire en livre papier. Quand il sortira en poche, c’est possible que je le relise à ce moment-là. 😉

L’histoire :

C’est un roman qui se passe en Italie au tout début du 20e siècle, et pour l’histoire principale, entre les deux guerres.

Mimo, sobriquet de Michelangelo Vitaliani a perdu son père à la guerre, et depuis la France où ses parents s’étaient réfugiés quelques années auparavant, il revient en Italie, mais sans sa maman.

Il sera sculpteur, comme son père, et quel sculpteur, le meilleur, le plus grand, peut-être ! Mais en attendant, il va apprendre le métier, auprès d’un soudard, puis d’un vrai maître.

Mais Mimo est un nain, il mesurera 1,40m à l’âge adulte. Et il amoureux de Viola, magnifique et intelligente jeune fille de son âge, héritière de la grande famille puissante de la région, les Orsini, propriétaires terriens d’orangers et citronniers. Tout ça ne semble pas facile à concilier, il ne part pas tout à fait avec les bonnes cartes… et pourtant…

La villa Orsini est située dans le village de Pietra d’Alba, depuis le 18ème siècle. On ne sait pas trop d’où vient cette famille, mais elle va faire naître 3 garçons et Viola, dont un qui mourra dans un accident de train, un qui sera prêtre puis cardinal, et un qui aimera la politique, jusqu’à celle de Mussolini.

Située sur un plateau « qui était un alambic où les odeurs venues de kilomètres à la ronde se combinaient pour donner naissance à la fragrance la plus subtile et la plus secrète du monde », elle abritera entre Viola et Mimo de très belles histoires d’enfants, de contes, de fille qui sait se transformer en ourse (Orsini…) ou qui veut voler, puis de sentiments entre adolescents, et beaucoup plus tard d’aventures entre adultes, mais pas celles qu’on croit… le tout entrecoupé d’années sans se voir. 🍊🍋

Mimo est flamboyant, hâbleur, amoureux des femmes, bagarreur, souvent saoul, mais quand il nous raconte sa vie, on s’en fait à juste titre, l’idée d’un homme élégant, droit, respectueux, sensible, talentueux, bref, c’est un personnage complexe.

Viola est ultra intelligente, mémorise tout ce qu’elle lit et ce n’est pas toujours un cadeau, mais elle n’est pas née à la bonne époque, on y retient trop les femmes.

Jean-Baptiste Andrea

Alors bien sûr on parle beaucoup entre lecteurs, d’une belle histoire d’amour entre ces deux-là, mais pour moi « Veiller sur elle », c’est beaucoup plus.

D’abord, qui est celle sur qui on doit veiller, comme on l’apprend dès le début ? Une statue, une pietà, précisément, à qui Vitaliani donnera vie au mi-temps de sa vie à lui, et qui provoque des réactions bizarres chez un grand nombre de personnes, trop étranges en tous cas, pour le Vatican, qui va la dérober aux regards après quelques temps.

Ce que j’ai aimé, c’est que Mimo nous raconte sa vie depuis son lit de mort, au sens propre, et que son récit est entrecoupé de révélations et d’informations sur sa pietà, via l’histoire d’un prêtre qui le veille au seuil de la mort, ou d’articles de presse, c’est dynamique.

« Veiller sur elle » est un roman picaresque ! Et comme tout roman picaresque que je lis, je n’aurais pas dû le lâcher d’une semelle (à savoir lire d’autres livres entre temps…), sinon je peine à m’y remettre, comme impressionnée par l’écriture, par la flamboyance des personnages comme Mimo, et l’Histoire avec un grand H de l’Italie.

On s’approche du Pape, on frôle le Duce, et on suit une belle palette de personnages bien attachants, qu’ils soient du côté de l’un ou de l’autre de ces meneurs d’hommes !

Jean-Baptiste Andrea a su montrer le fascisme italien de l’entre-deux-guerres avec la juste dose, pile assez pour que cela ne soit pas roboratif, en tout cas, à mon goût.

Si ce n’est un incroyable concours de circonstances et un peu de facilité à l’ascension de Mimo à un moment de sa vie, le livre ne m’a pas déçue, j’ai aimé l’histoire jusqu’au bout. Par-contre, j’y ai trouvé pas mal de longueurs, c’est ce qui m’a fait me demander si j’avais eu un coup de cœur. CQFD !

Et je l’ai ressenti à la toute fin, après ma lecture, reconnaissant que ces personnages-là, et que l’histoire, n’étaient pas prêts de me quitter ! ❤

Pour finir, j’ai été accompagnée pendant toute ma lecture par des pensées pour le Parfum de Süskind, le Jeune homme vert de Déon et un peu par Alexandre Jardin, dans sa période « Zèbre » début des années 90, ça parlera à certains.:)

(Photo de couverture prise devant le Château de Flaugergues à Montpellier, très « villa italienne » !;)

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