L’adolescence est une période dangereuse !
J’ai encore des souvenirs intenses de mes lectures, moi-même ado, du « Pavillon des enfants fous » de Valérie Valère, ou de « L’herbe bleue », d’une jeune droguée anonyme qui a bouleversé toute une génération. Ouvrages encore lus aujourd’hui, et qui sont toujours dans ma bibliothèque. ❤️
L’histoire :
Au début du roman d’Alice Develey, aux accents autobiographiques, que j’ai écouté en audio, car cela fait partie de mon jury pour Audiolib cette année, j’ai hésité quelques minutes, puisque l’héroïne s’appelant Alice, je me suis demandé si c’était sa vraie histoire… oui, mais pour partie !
« Je n’écris pas sur moi, j’écris à partir de moi. »
Et je vous préviens, c’est une narration bouleversante ! D’autant qu’on nous parle de très jeunes gens. 🥺
C’est donc celle d’Alice, 14 ans, qui se retrouve à l’hôpital dans une unité pédiatrique car elle est anorexique. Mais la jeune fille n’est pas seule, puisqu’elle est accompagnée dans sa tête de la « fameuse » Sissi, que j’ai immédiatement détestée ! 😡
Cette voix qui lui parle et qui la traite constamment de « grosse vache », la fait bouger constamment pour perdre des calories, l’empêche de manger, le but étant d’être maigre à tout prix ! Insatiable, tranchante, culpabilisante, comment une enfant peut-elle recevoir des injonctions aussi terribles de son cerveau ? 😥

Et Alice de nous raconter les rencontres avec ces jeunes filles qui arrivent et repartent, pour différentes pathologies comme du diabète ou la mucoviscidose, de ses amitiés rapides et tout de suite perdues, les cris et l’odeur de l’hôpital, les séances de contention dans la chambre d’isolement, la recherche de tout objet tranchant permettant au minimum de se scarifier, et au mieux d’essayer d’en finir.
Le malaise de l’hôpital, des soignants qui peuvent être violents, et du système qui l’est tout autant !
Ses parents, divorcés, sa famille dysfonctionnelle, le regard des femmes, mère et belle-mère sur leur propre corps, toujours complexe et complexé !
« Le corps féminin grandit dans l’empêchement. »
La forme :
Alice Develey alterne des récits factuels, comme ses journées, avec des moments d’énervement et de colère plus scandés, à la limite de la ritournelle et même du rap, mais il y a aussi des dialogues et puis toutes les pensées dans sa tête, et des explications sur l’anorexie.
C’est parfois répétitif, complexe, sombre, gothique, mais c’est probablement nécessaire.
L’autrice nous dit que c’est vraiment un roman, mais elle prend appui évidemment sur son expérience à l’hôpital pour anorexie puis à l’hôpital psychiatrique. Expérience qui a quand même duré quelques années, par périodes. 😥
Pour l’audio, j’ai toujours aimé la voix d’Ariane Brousse, et ce avec tous les livres qu’elle lit, et elle porte ici magnifiquement la personne d’Alice. Sa voix très légèrement éraillée est parfaite ce rôle.
Et comme souvent avec Audiolib et je les remercie pour ça, l’interview de l’autrice à la fin est éclairante et passionnante. J’ai d’ailleurs appris qu’elle était journaliste et critique au Figaro littéraire.
Un livre pour apprendre, un livre pour comprendre pour cesser de juger l’anorexie et les anorexiques, ainsi que leurs parents.
Editions L’iconoclaste. 400 pages. 2024. Chez Audiolib, 6h d’écoute.

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