Je n’avais jamais eu l’occasion de lire la plume de Lydie Salvayre, mais au hasard d’une découverte dans une boîte à livres, je me suis plongée dans cet ouvrage que j’ai trouvé bien intéressant.
Car l’autrice a eu la riche idée de nous raconter la vie de 7 femmes écrivains et/ou poétesses qu’elle admire, 7 femmes au destin difficile, mais qui ont pu écrire, et même qui devaient, pour leur survie, écrire, et dont les œuvres sont arrivées jusqu’à nous, ce dont certaines seraient surprises.
Des femmes dont la vie et parfois la mort ont été marquantes. Des héroïnes quotidiennes du 19ème siècle ou du début du 20ème.
Djuna Barnes, Ingeborg Bachmann, Emily Brontë, Colette, Sylvia Plath, Marina Tsvetaeva, et Virginia Wolf.
Pour ma part trois de ces dames m’étaient complètement inconnues.
Lydie Salvayre a pu découvrir leur plume à l’adolescence, au lycée, elle qui était déjà une dévoreuse de livres.
Avec le temps, l’admiration parfois s’est légèrement transformée, car l’âge et les relectures aidant, quelques défauts apparaissent aussi bien dans le style, que dans les personnalités, mais elle continue d’apprécier ces 7 femmes, qui parfois même ont influencé sa vie.
Sur Colette : « D’autant qu’à la relire 40 ans après, son côté popote m’insupporte, son éloge de l’ail et de la courgette me semble ridicule, son indifférence aux autres me déçoit, pour ne pas dire qu’elle me navre, et son écriture brodée comme un ouvrage de dames me paraît aujourd’hui inutilement emberlificotée. » !!

L’autrice a lu des articles ou des biographies sur ces 7 « allumées », comme elle les appelle, et tout en nous racontant deux ou trois souvenirs de ses lectures, nous fait un portrait à son goût, de leur vie.
Le style est très fluide, léger parfois, plus grave souvent, et beaucoup de phrases m’ont marquée, je vous en mets ici quelques-unes.
Bachmann :
« Dans quelle langue écrire depuis que leur langue maternelle, l’allemand, a été corrompue par la catastrophe nazie ? Depuis qu’elle est devenue une langue obscène, déshonorée, imprononçable, une langue de Mort ? »
« Car un auteur aimé vous amène vers ses livres aimés, lesquels vous amènent vers d’autres livres aimés, et ainsi infiniment jusqu’à la fin des jours, formant ce livre immense, inépuisable, toujours inachevé, qui est en nous comme un cœur vivant, immatériel mais vivant. »
Colette :
« Car Colette est ambiguë, retorse, merveilleusement complexe, et femme de tous les paradoxes. »
Sylvia Plath :
« C’est après l’une de ces chutes au fond du gouffre que Sylvia Plath réalise qu’il y a en elle un moi assassin avec lequel elle devra, toute sa vie, composer. »
Virginia Woolf :
« L’indéniable est qu’elle est d’une susceptibilité extraordinairement vive aux bourrasques du monde et qu’elle prête une attention exagérée aux jugements d’autrui. Car, à la différence de la plupart de ses amis artistes capitonnés d’une couche graisseuse de satisfaction d’eux mêmes, sa couche protectrice à elle est une pellicule d’une extrême minceur. »

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