Chronique lecture : Les chandeliers de Sioux Berger

Chronique lecture : Les chandeliers de Sioux Berger

Note : 4 sur 5.

C’est toujours périlleux, je trouve, de lire un roman, une fiction, sur un sujet qu’on maîtrise bien.

Comme ici, pour moi, la parfumerie et les odeurs, puisque j’ai bossé 30 ans dans ce milieu de créateurs, baignant dans ma passion pour les odeurs et rencontrant plein de gens tout aussi passionnés.

J’aime toujours lire les parfumeurs quand il prennent la plume, et à fortiori les journalistes parfums, comme récemment Sarah Bouasse. Mais lire un roman écrit par une autrice qui s’est renseignée sur le sujet peut parfois être… un peu téléphoné ! 😀

Et pourtant, je me suis lancée dans « Les chandeliers », sachant que ça allait parler de bougies parfumées et d’une jeune créatrice de parfums… voyons ça…

L’histoire :

Augusta est une dame de 89 ans, qui tient dans une remise au sein de son grand jardin, un atelier artisanal de bougies parfumées pour aficionados éclairés. 🕯️

Petite production, belle qualité, et Sandrine, en guise d’assistante, qui semble être douée pour créer les odeurs, surtout si elle arrive à se lâcher un peu !

Cette dernière, au lieu d’aller travailler dans un grand groupe grâce aux relations de son père, préfère apprendre près de cette dame et de son orgue ancien, le tout caché dans la coulée verte de Colombes près de l’ancienne gare des Vallées. 🛤

Mais il va falloir qu’elle se booste un peu pour créer quelque-chose d’abouti, ici, car la maison et le grand jardin sont convoités par des promoteurs, pour créer des résidences senior, en la personne de l’agent immobilier Chérif, très beau garçon, au physique de l’emploi.

Celui-ci est venu plusieurs fois rencontrer Augusta pour lui faire des propositions, et pour une raison difficilement explicable, elle est prête à donner son bien – elle n’a pas d’héritier – mais la loi l’en empêche, tout le monde le sait… à quoi joue-t-elle ? Pourquoi faire croire qu’elle pourrait lâcher son lieu de vie aussi facilement ?

L’autrice n’a pas cédé à la facilité, je trouve, d’un schéma classique. Pour cette partie… 😉

La grande histoire :

En parallèle on suit Augusta à 8 ans, quand un petit juif du nom de David, 5 ans, qui vient d’échapper à la rafle du Vél d’Hiv, vient toquer chez ses parents, dans cette maison qu’elle habite toujours de nos jours, pour se cacher et passer en zone libre. Un petit gars courageux, bien élevé, qui n’a gardé de son départ du grand appartement vide, que 2 chandeliers précieux, et le parfum de sa mère. 🕎

C’est un livre sur le souvenir, ou l’absence de souvenirs, les réminiscences olfactives et autres, le courage et l’amitié.

Victor Hugo :

Il est présent, dans le nom de la rue, de la résidence qui portera son nom, mais surtout à-travers les extraits des Misérables (je n’ai jamais lu ce livre… possible que « Les chandeliers » m’y incitent !), livre qui joue le rôle de passeur entre les époques et les générations, comme un viatique pour apprendre la lecture mais aussi donner le goût de lire.

Le lieu :

L’autrice a choisi de placer son roman dans un endroit pas banal, une ancienne voie ferrée reconvertie en lieu de promenade, et un grand jardin un peu en friche, j’ai vraiment eu l’impression de respirer dans cet endroit, et je m’y voyais vraiment.🌳🌱🪴🌿

Au final, j’ai tout gagné à lire ce roman ! Une belle histoire plaisante, un style fluide, un petit héros que j’ai adoré, un beau trio de personnages, des odeurs plein la tête, une envie de lire enfin Les misérables, et du dépaysement vert. 😊 Merci à la Revue Nez, pour la recommandation. 😉

Editions du Rocher. 240 pages. 2024

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Dans la bibliothèque d'Anne

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture