J’ai compris pourquoi jusqu’à cette année je n’avais pas été fan de Fred Vargas. Je crois que je n’étais pas prête et pas assez mûre pour sa « poésie » !
Car tout en écrivant des enquêtes policières, cette autrice est capable de donner une structure romanesque à ses personnages, de la loufoquerie, un léger décalage, qui devaient me décontenancer… mais maintenant j’apprécie !
J’entends parfois que dans les enquêtes du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, 45 ans, son héros récurrent, qu’on découvre ici pour la 1ère fois, tout frais arrivé dans le commissariat parisien du 5ème, c’est lui qui est plus important que l’instruction. Un peu comme Maigret. 🔫
Mais contrairement à Maigret, si je ne m’abuse, il ne fait pas cavalier seul. Ici on fait connaissance avec le fameux Adrien Danglard, inspecteur de son état.
Vargas leur donne une substance incroyable, je suis admirative et conquise.
L’histoire :
Je dirais qu’elle m’a bien intéressé au début et un peu moins à la fin, mais ce n’était pas grave car j’étais ferrée, par les personnages et leur façon d’être ! 😀
Depuis quelques temps, en ce début de 1990, la nuit dans Paris, quelqu’un trace de grands cercles bleus autour d’objets du quotidien, comme un bigoudi, un livre, ou encore un sandwich… Autour de ce cercle est toujours écrite la sentence : « Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? » 🥏🥏🥏

Ce n’est pas banal comme début d’enquête, et même plutôt inoffensif. Mais Adamsberg a des intuitions, et il pense qu’un jour ce dessinateur de la nuit ne s’en tiendra plus à des objets… et ça commence par des animaux morts !
Pourquoi des cercles, pourquoi bleus, pourquoi cette phrase, pourquoi se cacher et faire des cercles pendant un moment, pour ensuite y mettre un premier cadavre ?
L’autrice m’a légèrement perdue en milieu de parcours, dans des virages un peu trop tortueux.
Il faut « avouer » que dans cet épisode, on a particulièrement affaire à des « verbeux » ! 😉
Les personnages :
Mise à part l’équipe de policiers qui au début est encore assez petite, on rencontre une certaine Mathilde, océanographe, environ la cinquantaine, avec la particularité d’aimer couper ses semaines en 3 tronçons pour mieux les vivre, qui loge dans les appartements au-dessous et au-dessus de chez elle des personnages bien particuliers.
Une vieille dame amoureuse des petites annonces matrimoniales, et un bel aveugle, rencontré dans un bar. Ils ont des dialogues pas piqués des hannetons, Vargas a une vraie imagination, enchaînant des conversations plutôt cinématographiques ! Ça s’approche souvent de l’absurde, avec une certaine douceur, et beaucoup d’intelligence.
Mais on se demande un bon moment pourquoi ils font partie de l’histoire… est-ce qu’ils sont suspects ?
Et je confirme que les personnages du roman « vargassien » peuvent être tout aussi intéressants que l’enquête, c’est pourquoi je veux mieux vous présenter les deux principaux, donc :
Adamsberg :
Il est vraiment insaisissable ce Jean-Baptiste, né dans les Pyrénées ! Amoureux d’une Camille qui l’a quitté il y a 8 ans, personne n’arrive vraiment à le décrire physiquement ou à le cerner psychologiquement, mais il a l’air de fasciner les gens. On sait de lui qu’il est brun, pas très grand, avec une voix douce, que c’est un original, et qu’il est lent en général. Il est très humain, a des fulgurances et une grande intelligence. En tout cas c’est sûr que l’autrice est amoureuse de lui ! 😀
Danglard :
J’ai beaucoup de tendresse pour ce personnage, alcoolique à partir de 16h, élevant seul ses 2 fois 2 jumeaux (!) et le petit dernier de 5 ans laissé par sa femme, d’une culture hallucinante, et qui prend déjà soin de son commissaire. Grand, au contraire de son commissaire, pas très beau mais très bien habillé.
J’ai hâte de les retrouver dans un prochain roman, je vous tiens au courant bientôt !
(Photo prise dans le phare de Sète)
Editions Viviane Hamy. 213 pages. 1996

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