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J’écoute assez peu de chansons françaises, mais j’ai pu il y a une bonne quinzaine d’années m’amuser des textes de l’album « La femme chocolat » de Olivia Ruiz.
Puis elle et moi en sommes restées là, jusqu’à il y a quelques jours, où je me suis souvenue de ce livre qu’elle a écrit il y a 3 ans, et que je tombe dessus à la médiathèque de Montpellier. Je sais qu’il avait eu un beau succès, et j’ai eu envie de comprendre pourquoi. Je découvre donc une Olivia Ruiz romancière, pour mon plus grand plaisir.
Depuis que j’habite Montpellier, j’entends parler plus régulièrement que quand j’étais à Paris, de l’arrivée des réfugiés espagnols dans les années 30, mais je ne m’étais jamais penchée, il est vrai, sur leur histoire.
La commode aux tiroirs de couleurs m’a permis de comprendre un peu mieux leur vie à leur arrivée en France, ou tout au moins de suivre le parcours, même si romancé, de la grand-mère d’Olivia, qu’elle soit de papier ou qu’elle ait été réelle.
L’histoire :
Celle qu’on nomme L’Abuela dans le roman, Rita, est donc la grand-mère de la narratrice, et prendra la parole après le prologue, pour une bonne partie du roman.
Sa petite fille, le jour de sa mort, ou si peu de temps après, va ouvrir les tiroirs de la commode que sa grand-mère possédait depuis longtemps, et dont elle hérite, et y découvrir quelques objets et lettres. Cette commode est peut-être un vrai meuble, mais elle pourrait aussi simplement être la représentation, la métaphore, de l’histoire de sa famille.
Dès l’ouverture du premier tiroir, c’est Rita qui raconte le départ forcé vers la France avec ses deux soeurs, mais sans leurs parents, qui resteront se battre pour la liberté en Espagne.
Les soeurs de 6,10 et 16 ans sont accueillies par un semblant de famille française, et surtout par une nouvelle famille qui va se créer, à savoir les voisins d’un immeuble, des personnages aimants, et hauts en couleur ! Même si rien ne remplace des parents.

On va suivre la vie de ces trois filles, de leurs amours, de leurs peines, de leur joies surtout familiale, amoureuse et maternelle, et plus particulièrement celle de l’Abuela, jusqu’au jour de sa mort.
Elle qui, dès son arrivée en France a appris le français très rapidement, et qui se faisait au début appeler Joséphine, pour qu’on ne la pense pas espagnole, pour tenter de s’intégrer, m’a beaucoup plu. C’était une femme amoureuse, libre tout en étant mère, même si c’était dur, penchant toujours du côté de la vie, et généreuse.
J’ai vraiment apprécié de la suivre tout au long de ses histoires d’amour, de maternité, de femme au sens sensuel, puis propriétaire d’un café, c’est un roman qui met joliment en valeur les femmes. Mais aussi les hommes comme André, qui est son mari, mais pas le père de sa fille… un homme généreux, mais complexe.
Une héroïne comme je les aime, solide, intelligente, « inspirante », comme on dit beaucoup de nos jours ! 😉
Olivia Ruiz :
J’ai aimé son style fluide, j’ai lu le bouquin dans une même journée, et je n’ai pas boudé mon plaisir !
Avec surprise aussi, parce qu’évidemment quand on voit une personnalité connue dans un domaine différent de la littérature, prendre la plume, on est dans une expectative différente.
J’ai très vite oublié qui écrivait, pour me concentrer sur la vie de l’héroïne, soucieuse d’en apprendre plus sur la vie de ces déracinés espagnols, à leur arrivée aux alentours de Narbonne, pour la famille dont on parle.
Un paragraphe m’a marquée, quand Olivia écrit que Rita retourne en Espagne pour quelques temps : « Je ne pouvais pas imaginer la misère qu’affrontaient ceux qui étaient restés. Je ne pouvais pas imaginer à quel point notre départ avait été vécu comme un rejet par les nôtres. Je ne pouvais pas imaginer que là-bas j’étais devenue une étrangère, une traîtresse, une prétentieuse petite Française. Les amis, les enfants que j’avais laissés, étaient à présent des hommes eux aussi et ce bonheur des retrouvailles que j’avais fantasmé sur ma route jusqu’à eux me fut interdit. Dans leurs voix, le reproche, la distance, comme si le pays entier m’accusait de l’avoir abandonné alors que j’avais eu la sensation d’avoir été mise dehors. Tes parents étaient d’ici, toi tu n’es pas d’ici, tu es une fille d’ailleurs. »
Nul doute que l’autrice utilise une partie de l’histoire de cette famille pour écrire la commode aux tiroirs de couleurs, et elle a habilement romancé le reste, avec beaucoup d’amour.❤️
Pas de coup de cœur, mais un bien bon moment de lecture.
(Merci à Anne de la boutique Tagomago rue du Petit Saint-Jean à Montpellier, de m’avoir ouvert sa commode et me laisser prendre le livre en photo, lové dans un beau châle. 🤩 )

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