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Cela fait longtemps que je voyais parler Sorj Chalandon à la Grande librairie, que je trouvais l’homme sympathique, mais je comprenais qu’il écrivait beaucoup sur son père, un peu trop à mon goût, et je n’avais pas envie de rentrer dans ce duo-là, si je puis dire. A tort, probablement. 😉
Et puis à la rentrée il a sorti L’enragé, qui relate une histoire plus « romancée » de bagne d’enfants à Belle-Île-en-Mer. Alors j’ai gardé cette idée dans un coin de ma tête, jusqu’à ce que mercredi dernier il soit invité à la Fnac de Montpellier, que je puisse aller l’écouter 1h, acheter et faire dédicacer son roman !

Un monsieur charmant, à qui j’ai donc demandé par quel livre de Chalandon il fallait que je continue ! 🤭 J’ai ma recommandation perso, ce sera « Profession du père ».
Le décor du livre :
Dans les années 30, les bagnes pour enfants sont légion en France et pendant encore quelques décennies !
Ce sont des camps où sont censés être éduqués les petits voleurs mais aussi les orphelins et les mômes qui n’ont rien demandé à personne, mais dont les parents ne veulent plus. Car à cette époque-là, il semble que ce soit facile d’abandonner ses enfants. 😥
Ce sont en fait des endroits infâmes où les sévices corporels, moraux, et le travail forcé sont la base !
En France, au vu et au su du gouvernement, on laisse donc de pauvres gamins abandonnés, se faire violer et mettre en couple par et avec les caïds de près de 20 ans (la majorité est à 21 ans à cette époque), se faire taper régulièrement à coups de matraque par les surveillants, appelés « moniteurs » pour faire moins dur, se faire mettre au cachot au pain sec et à l’eau pour la moindre broutille… pour finalement se retrouver dans la moitié des cas, dans des bagnes d’adulte… je ne suis pas sûre qu’on y ait gagné en éducation !
L’histoire :
Et donc on fait connaissance au début du roman avec Jules, 18 ans, entré dans ce bagne à 13 ans parce que sa mère l’a abandonné, et que son père l’a confié aux grands-parents qui très vite n’en ont plus voulu.
Quelles heures exquises j’ai passé avec Jules, le jeune enragé… Jules Bonneau, un nom choisi comme un coup de poing !
Il est surnommé La Teigne, il prend des airs de petit caïd, mais au fond, même s’il semble l’ignorer, il a bon cœur. Oui, mais comment avoir des sentiments dans un endroit où toute la journée il faut savoir se défendre et toutes les nuits aussi ?
On va vivre avec lui sur quelques dizaines de pages la vie de ce bagne, et je dois dire que j’ai pleuré sur la vie de ces enfants.
Une phrase m’a heurtée plus que les autres : l’auteur raconte qu’un puits a été comblé parce qu’il y avait trop de suicides ! 😭

Puis un jour, parce que son ami Camille Loiseau, frêle petit garçon de 13 ans, a le tort de prendre un morceau de fromage au début du repas, les coups pleuvent sur ce pauvre gamin, et là c’est trop… la mutinerie se met en marche !
À la suite de ça, 56 enfants vont pouvoir s’échapper, le seul problème c’est qu’on est à Belle-Île-en-Mer… leur plus grand ennemi, c’est l’océan ! 🌊
On comprend dès la 4ème de couverture du roman que seul Jules va réussir à vraiment s’échapper, tous les autres seront ramenés au bagne.
Et c’est son histoire par la suite que l’auteur va raconter.
J’ai passé vraiment un excellent moment, avec ce roman écrit de façon fluide et très imagée, on y rencontre Jacques Prévert et même le nom d’un aïeul à moi ! 😄
Lors de son intervention à la FNAC, Chalandon qui je l’ignorais est journaliste et a même reçu le Prix Albert Londres, expliquait que pour écrire sur un sujet, il avait besoin de le connaître à fond.
Son père, quand il était petit, le menaçait de l’envoyer au bagne, il s’est beaucoup renseigné sur tout cela, et a compris avec effroi où il aurait pu finir ! 🤔
Donc L’enragé parle quand même de Sorj Chalandon, et je suis ravie d’être rentrée dans sa vie par ce roman lumineux, dur, mais qui me laissera des souvenirs pour très longtemps !

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