Paul Morand a été un proche de Gabrielle Chanel. Dans son livre « L’allure de Chanel », dont je vous parlerai bientôt, il retranscrit des entretiens qu’il a eus avec la créatrice, sur sa vie, la mode, ses amis, Paris, etc… un morceau d’histoire passionnant !
Et je tombe page 76 sur cette ode aux livres, une page semblant indépendante du reste du texte, que je vous livre telle quelle, tellement je l’ai adoré. Tout est dit !
« J’achetais surtout des livres ; pour les lire. Les livres ont été mes meilleurs amis. Autant la radio est une boîte à mensonges, autant chaque livre est un trésor. Le plus mauvais livre a toujours quelque chose à vous dire, quelque chose de vrai. Les romans les plus stupides sont des monuments d’expérience humaine.
J’ai vu beaucoup de gens très intelligents et de haute culture ; ils ont été étonnés de ce que je savais ; il l’eussent été bien plus encore si je leur avais dit que j’avais appris la vie dans les romans.
Si j’avais des filles, je leur donnerais, pour toute instruction, des romans. On y trouve écrites les grandes lois non écrites qui régissent l’homme.
Dans ma province on ne parlait pas ; on n’enseignait pas par tradition orale. Depuis les romans feuilletons, lus dans le grenier, à la lueur d’une bougie volée à la bonne, jusqu’à ceux des plus grands classiques, tous les romans sont de la réalité habillés en rêve.
Enfant, je lisais d’instinct les catalogues comme des romans : les romans ne sont pas autre chose que de grands catalogues. »

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