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Pour ceux qui auraient mal saisi le titre, je ne vais pas vous parler de l’odeur d’un mélange de fleurs séchées, mais bien d’un livre, dédié à notre passion commune, Maïté Turonnet et moi, la parfumerie !
Déjà, je veux vous parler de cette journaliste, grande dame du parfum, dont je lis les articles depuis 35 ans. A l’époque, dans les magazines féminins, une équipe de nanas passionnées écrivaient des articles de fond sur la parfumerie, et c’est grâce à elles toutes, avant la lecture de livres sur le sujet, que j’ai appris quantité de choses sur ce domaine.
Puis en 1992, Maïté Turonnet a écrit un livre assez général sur la parfumerie, appelé « Parlons parfum », que mon compagnon David avait lu aussi, bien avant qu’on se connaisse, livre dont on parle encore aujourd’hui ensemble, avec des trémolos dans la voix ! ❤
J’ai eu la chance de rencontrer cette passionnée une fois, et même de dîner chez elle, accompagnée du journaliste Olivier Hachon-Bueb et du parfumeur de chez Patou à l’époque, Jean-Michel Duriez. C’était à la suite d’un prix Jasmin, je crois décerné à Olivier, justement, ce soir-là, prix qui récompense un article de journaliste sur la parfumerie. 🥇

J’avais été ébahie par l’armoire à parfums, où Maïté rangeait tous les flacons qu’elle recevait des marques pour écrire des articles ou des dossiers de presse. J’avais trouvé maligne l’idée de vaporiser un parfum dans sa boite en carton, d’attendre un peu, pour sentir dedans, plutôt que sur une mouillette, ce petit papier qu’on trouve en parfumerie.
Quand j’ai su que l’excellente maison d’éditions Nez, qui lance tous les 6 mois la revue pour passionnés de parfumerie, du même nom (et dont je vous parlerai un jour), allait faire paraitre un nouveau livre de Mme Turonnet, vous imaginez comme j’attendais ça !
La plume de Maïté est évocatrice et passionnante, voire puissante. Cette femme, qui n’a pas sa langue dans sa poche, et ça fait du bien, dépoussière avec intelligence et impertinence ce monde feutré du luxe, qui aurait tendance à se regarder le nombril. Elle sait faire sentir les odeurs avec des mots, qu’elle ne mâche pas, mais qu’elle aime passionnément ! ✒

Je me suis délectée de son Pot-pourri, miscellanée de mille et unes histoires sur les matières premières, les parfumeurs, les parfums, les marques, les secrets, les familles olfactives, mais pas « encyclopédique » au sens lourd du terme. L’autrice a une envie sincère de raconter, de nous transmettre, comme elle l’a toujours fait, en chapitres de tailles très variées, que vous pouvez prendre dans l’ordre qui vous plait.
Chacun peut même, comme moi, aller sentir ou ressentir, ensuite les parfums qu’elle évoque, c’est une saine occupation, après la lecture. ☺
Moi je me suis régalée, je n’ai pas d’autre mot, c’était un bonbon, page après page, des heures durant, de ses anecdotes ou articles plus fouillés, de ses bons mots, de ses évocations d’odeurs ou de parfums, ou encore de ses coups de gueule. C’est un livre où elle se dévoile aussi beaucoup. 🍬
Elle remet l’église au milieu du village, voire met un coup de pied dans la fourmilière, quand elle évoque la naissance du n°5 de Chanel, explique pourquoi il est compliqué d’écrire ce que l’on veut quand l’annonceur a payé une publicité dans le même magazine, narre la naissance en 1993 du parfum comme un produit jetable, nous raconte la mauvaise humeur permanente du parfumeur Coty, ou encore pourquoi Freud avait décidé de façon unipersonnelle, que le sens de l’olfaction n’était pas intéressant, le tout avec humour et une écriture fluide.
Chaque page est odorante, chaque entrée est passionnante, pour qui aime un minimum ce secteur. Pour qui ne le connait pas, sachez que la parfumerie est plurielle, liée à l’histoire, à la géographie, à la géopolitique, aux hommes, à la terre, à la nature, à la science aussi, au climat, etc… S’y intéresser, c’est plonger dans une mine d’informations ! D’ailleurs, une mine, une source, même, voici ce qu’est Maïté Turonnet et son immense culture générale, pour moi.
Elle donne les titres de sa bibliographie préférée sur le sujet, et en parlant de livres, j’espère juste qu’elle ne mettra pas à nouveau 30 ans à en écrire un autre, pour allonger ma bibliographie à moi !
Je voudrais vous lire la presque dernière entrée de ce livre, la n°270, qui m’a émue…
« Serait-ce très présomptueux de dire qu’avec quelques autres, Sylvie de Chirée ou Denise Dubois-Jallais, Danièle Bott, Karine Jouvion, nous fûmes au début des années 1980 une poignée de journalistes pionnières en écriture sur le parfum ? Ce n’était pas à la mode, pas même une question ; nul internet en ce temps-là, ni blogs, vlogs, sites ou amateurs éclairés. Des annonceurs bien sûr (ipso facto) et des lecteurs tout au plus, à qui nous transmettions ce que nous venions nous-mêmes d’apprendre. Un défrichage en terre inconnue pour tous, rédactrices et public intéressé. J’ai parfois la vanité de penser que parmi ceux-là, qui depuis sont devenus des experts bien plus savants que nous ne l’avons jamais été, certains ont découvert le monde des odeurs par notre modeste truchement. »
Oui, Maïté, c’est mon cas et je vous en remercie ! ❤

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